L’intelligence émotionnelle et l’écologie de soi : une histoire de résilience et de bien-être

Je voudrais partager avec vous l’histoire inspirante d’une équipe que j’ai eu l’opportunité d’accompagner récemment. Composée de trois personnes, cette petite équipe s’est battue avec une détermination sans faille pour atteindre ses objectifs, braver les défis et naviguer à travers des tempêtes incessantes. Ces personnes sont de véritables guerriers, reconnus pour leur expertise, leur professionnalisme et leur engagement sans relâche. Ils ont tenu bon, utilisant chaque once de leurs ressources. Mais comme toute machine qui tourne sans arrêt, ils ont fini par fonctionner sur la réserve.

Quand j’ai rencontré cette équipe, les signes de stress étaient omniprésents : irritabilité, difficulté à déconnecter, oublis et erreurs qui commençaient à survenir. Ils étaient fatigués ! Mon rôle était clair : les aider à retrouver un équilibre émotionnel durable.

Nous avons commencé par dresser le bilan des émotions ressenties quotidiennement au travail. Enthousiasme, fierté, envie, frustration, colère et anxiété étaient les mots qui revenaient le plus souvent. Ces émotions, bien que dynamisantes et sources d’énergie, ont aussi un coût élevé. D’un côté, ces émotions boostent l’énergie : elles accélèrent le rythme cardiaque et respiratoire, elles créent du tonus musculaire, elles nous préparent à agir avec implication, combativité et persévérance. Ce sont des émotions de la motivation et de l’engagement. Cependant, les émotions boost ont un coût énergétique ! Lorsque ces émotions sont vécues intensément, fréquemment et en continu, elles peuvent devenir extrêmement énergivores et puiser dans nos réserves. Elles fatiguent notre organisme et peuvent à force mettre en péril notre équilibre.

Concrètement ? Après des activités intenses, une réunion de deux heures marquées par des échanges tendus, un entretien musclé, une négociation, un temps de concentration important, un temps de brainstorming … notre corps a besoin de temps pour récupérer ! Nous avons tous besoin de nous remettre des pics émotionnels qui jalonnent nos journées ! Et c’est là qu’interviennent les émotions de récupération !

Lors de nos échanges, l’équipe prend conscience de l’urgence d’intégrer les émotions de récupération dans leur quotidien au travail et dans leur vie. Ces émotions – telles que la sérénité, la satisfaction, la gratitude, le soulagement, et même une légère tristesse introspective – sont essentielles pour rythmer nos moments de respiration et de récupération tant physique, que psychique et sociale. Les émotions de récupération agissent comme des intercalaires ! Elles permettent de nous ressourcer en quelques secondes et nous préparer à performer à la tâche suivante.

Et comment concrètement activer ces émotions de récupération ? Essayons ensemble un exercice simple autour de la satisfaction.

Prenons un moment pour nous remémorer les réalisations de notre journée. Balayons dans votre mémoire toutes ces petites choses accomplies et qui vont bien au travail, dans notre vie privée et sociale. Laissons notre corps se mettre au repos et ralentir les rythmes. Pensons à relâcher nos traits de visages, nos muscles, nos épaules et laissons cette émotion s’installer. Observons les bénéfices de cette émotion : détente musculaire, ralentissement des pensées, baisse de la charge mentale, sentiment de sécurité et de confiance, et présence à soi.

En vivant pleinement le moment présent, nous rechargeons nos batteries physiques, psychiques et sociales, devenant plus disponible pour ce qui vient ensuite.

Cette pratique de savourer les émotions de récupération comme la satisfaction démontre deux choses essentielles : les émotions de récupération ont des bénéfices puissants, et leur intensité ne nécessite pas une activation forte du corps. Bien au contraire, elles nous mènent à un relâchement profond et à un repos véritable.

Il y a plusieurs leçons à tirer de cette expérience en termes d’intelligence émotionnelle :

  1. Le juste équilibre des émotions : Nous avons découvert deux grandes familles d’émotions : les émotions « boost » et les émotions de récupération. Chacune joue un rôle vital dans notre équilibre et notre écologie personnelle.
  2. L’usage conscient des émotions « boost » : Les émotions boost sont utiles pour se motiver, se mobiliser et pour faire face aux défis de nos vies. Cependant, à long terme, elles peuvent épuiser nos ressources et notre énergie. Utilisons-les avec discernement, veillons à leur coût énergétique.
  3. Les émotions de récupération comme gardiennes de notre durabilité : Ces émotions nous permettent de récupérer rapidement aussi bien physiquement, que mentalement et socialement. Elles nous permettent de nous re-rendre disponible. Multiplions-les dans nos journées ! Prenons le temps de les savourer 10 à 15 fois par jour, même quelques secondes seulement.

Mais attention, plus elles deviennent intenses plus elles ont tendance à baisser notre vigilance ! Donc, pas de complétude en réunion à fort enjeu ou lorsque nous sommes au volant !

En fin de compte, notre intelligence émotionnelle nous guide vers une meilleure écologie de soi. En apprenant à équilibrer nos émotions et à les utiliser judicieusement, nous pouvons maintenir notre bien-être et notre efficacité à long terme. Merci, chères émotions et intelligence émotionnelle, de nous montrer le chemin vers un épanouissement durable.

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Auteurs : Lisa Bellinghausen, Dr en psychologie, spécialiste de l’intelligence émotionnelle & Anna Komkova, formatrice, psychologue du travail et thérapeute centrée intelligence émotionnelle

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